1. Marbre.
poser au-delà de ses propres limites
l’essence chagrinée du phénomène
l’inertie de l’homme commode,
de nos hommes malades,
de ses corps inventés
jusqu’à l’ennui des heures,
de leur ordre unique et rompu
battre la foudre en face de son désastre
sur une terre encore humée de par ses propres désirs
où tout à côté le soleil seul et en silence
se lève tout à l’autre bout,
à la veille de nos reflets
où l’issue cintrée de notre condition douteuse,
l’effet, les apparences, son reniement, et leurs causes,
y sont gravés d’ornements obliques et aléatoires,
afin d’éprouver nombre de figures sous leurs masques
extraordinaires et indulgents.
*
2. Lilith.
des soupçons subsistent
sobres et silencieux
le long de ses veines sinon bleues
qu’un mot se détache.
des langues s’éteignent
où les étoiles ne sont que poussières
ancolies par milliers croisées de nacre.
maintes figures à clef et de travers
gardées au secret d’une pleine nuit
au destin trop court et aux dieux trop présents
et ces quelques vers affolés.
à l’horizon mystérieuse d’une mort ravissante
sur mon visage aux heurts pénibles et formidables
l’illusion prend une place trop grande
merveille terrifiante et déplorable
comme tombée du ciel.
*
3. Lime.
sa solitude bien à l’abri
son ombre sur les murs
son reflet pâle et troublé.
des mots avec toute leur réserve
des rêves qui nous échappent et nous réunissent
des couleurs écrasées.
y superposer l’oubli et sa déchéance,
cataclysmes, subjectivités, paradoxes,
j’ai maigri ce que j’étais.
*
4. Lear.
ravir la lune de ses revers et s’étourdir
de son ennui qu’empêche l’oublis
de l’exaltation muette de l’infini
se passer de légende et de leur sursit
réhabiliter dieu jusque dans les détails
épuisé de par notre seul intérêt
replier jusqu’à la moindre étoile
chaque figure esquissées d’un trait
et le cœur de ses propres excès
se délivrer de son chantage et de ses leurres
chaque fois que la nuit s’impose
redoutant son innocence et sa maladresse
ta main dans la mienne comme un handicap
finissant un vers en crachant sur l’ego.
*
5. 0.9
je dessine la lune en train
doucement alors
je découpe son image
j’écris
debout
avec beaucoup d’amour et autant d’oublis
très tard, plus vite,
sans recul,
sans parfois même manquer une larme
suivant les failles laissées des cris en travers les murs
sans plus le reflet de ses traces sur des fenêtres sales
cratères exhortés par l’indigestion de l’ennui.
*
6. Cargo.
enfouir le quotidien
détaché de sa mécanique
de l'esprit incontournable
son âme envahissante
l'intuition abandonnée
à l'expérience interdite
l’institution efféminée
moderne et classique
et muette et tapie
est martyre et magnifique
est satyre et resplendissante
et je m’essuie les yeux
et demeure ordinaire
nous ne sommes pas bêtes
mais guère meilleurs.
*
7. Manège.
nous gratterons la terre
jusqu’à ce que la nuit tombe
nous invoquerons le ciel
jusqu’à ce que le froid nous transit
nous nous écorcherons
nous embrumerons nos souvenirs
nous embaumerons nos reliques
où nous débarquerons sans plaisir
nous implorerons les dieux
qu’ils gardent secret tout ce que l’on ose
ce que l’on cache nous
nous effleurerons à peine
nous nous effacerons
plus pâle de mieux comprendre
un temps soit peu
l’abstinence des étoiles.
*
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