Polyèdre.
Par Hugues Zeplin.
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à Em et Nj.
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ARRACHE LES ROSES DE LA
VIE À MAINS NUES
Paul Éluard a prophétiquement déclaré le samedi
2 octobre 1937 : « Le poète est celui qui inspire bien plus que celui
qui est inspiré. » À quelle heure ? Je n'en sais foutre, je n'y étais
pas. Je suis né, comme l'auteur du présent recueil, quarante ans après cette
juteuse pensée. Mais si j'avais à parler, moi aussi, de la place et du rôle de
la poésie dans notre culture, je remonterais, je pense, au moins jusqu'à Victor
Hugo. Son audace primitive de disloquer l'alexandrin classique, je la
comparerais à celle de Marcel Duchamp (Roue de bicyclette, 1913). Hugo
et Duchamp, deux grands hommes par qui le scandale moderne est arrivé. Le poème
romantique passa en prose, vers libres, calligrammes, merz, slam, slogans,
etc., comme l'art moderne monolithique céda devant l'art contemporain
protéiforme. Mais pour une fois soyons justes et précis, nous devons l'invention
du poème en prose français à Maurice de Guérin (Le Centaure, posth.
1840) ex æquo avec Aloysius Bertrand (Gaspard de la nuit, posth.
1842)... Bah ! Ah ! Je ne tiens pas à te vous ennuyer ici avec un
cours d'histoire de la littérature posthume, lecteur, c'est l'avenir vivant qui
compte. Nous vivons à la fin du IIè siècle après Victor Hugo, à une époque où
la poésie, semble-t-il, n'exerce plus vraiment sa fonction de Muse, et voici
venu pour toi le moment ou jamais de comprendre la situation.
Un
« philosophe » « nietzschéen » de notre temps a très
justement interprété la désaffection croissante des temples et des églises
comme une intériorisation massive de la morale chrétienne, les nombreux lieux
de culte vides constituant d'après lui (et pour une fois je suis d'accord avec
lui) autant de preuves de l'influence profonde de la religion sur notre
société. Ne sous-estimons pas l'intériorisation, surtout si elle est
collective. Il n'y a qu'à observer, au hasard, les dégâts qu'elle fait sur la
conscience anglo-saxonne : puritanisme exacerbé, autocensure...
APOLOGUE
Il était une fois une société heureuse, un
peuple fier de sa bavardise : les Cause-Toujours. Les petits malins, ils
avaient réussi à neutraliser la subversion... en la tolérant, si bien qu'ils
passaient leur temps à rire de tout pendant que leurs voisins, les
Ferme-Ta-Gueule, perdaient tout le leur à la vouloir punir.
Un matin, par surprise, les frères
Ferme-Ta-Gueule assassinèrent les frères Cause-Toujours. Le peuple Cause-Toujours,
ému, se réunit quatre jours après pour rendre hommage à ses martyrs
« morts de rire », revendiquant haut et fort que l'humour, pas plus
que Dieu, ne saurait être pris au sérieux, etc.
Certains Cause-Toujours avancèrent toutefois
que les frangins disparus étaient innocents, mais non inoffensifs – dont moi.
La liberté de masse a tari la source de
l'Autorité. On censure le peuple à son insu – à l'insu de son plein gré, comme
dirait l'autre – en le laissant s'exprimer tous azimuts. Il n'est point de
tyrannie puissante comme la cacophonie, en effet.
Et ceux qui étaient sourds ont raison, et ceux
qui ont tort entendirent bien.
Si seulement NOUS avions écouté nos frères au
lieu de les ignorer bruyamment, j'affirme depuis la Lune où je pierrote que
notre « rire rabelaisien » posséderait encore le pouvoir de désarmer
tous les méchants Ferme-Ta-Gueule d'où qu'ils viennent.
Au pays de la libre expression, les
journalistes ne blasphèment point. On peut encore interpréter le désintérêt
actuel pour la poésie comme une intériorisation massive de celle-ci, une sorte
d'incorporation, les nombreux rayons « Poésie » vides des FNAC
constituant d'après moi (et pour une fois je suis d'accord avec moi) autant de
preuves de l'influence profonde de ce genre littéraire sur notre société. Ne
sous-estimons jamais l'intériorisation, surtout si elle est massive, et
n'oublions pas de distinguer « sens étymologique » et « sens
strict ». Le poète stricto sensu n'est qu'un simple auteur de
poèmes ; au sens étymologique, c'est un créateur, un artiste avec un grand
A. Tandis que les textes d'un simple auteur de poèmes sont sans valeur ni
intérêt, tout ce que crée un Artiste est précieux : les plats réussis et
même ratés qu'il cuisine, ses listes de provisions, ses étagères, les petits
meubles qu'il conçoit, les lettres qu'il envoie ou pas, sa vie, ses rêves,
absolument tout ce qu'il songe, dit, écrit, fait, a fait, fera depuis au moins
Marcel Duchamp relève de l'Art.
Toutefois
en se « libérant » jusqu'au bout, jusqu'au facialisme, le genre
poétique ne se serait-il pas un peu « enfermé dehors » ? Je me
le demande. Et en même temps la poésie actuelle me paraît agir à la manière
d'un océan qui se jetterait furieusement dans tous les fleuves à la fois.
Les
poèmes du présent recueil sont l'oeuvre d'un Artiste qui m'influence
directement alors que je ne l'ai jamais rencontré. Nous vivons à plusieurs
centaines de kilomètres de distance, pourtant chacun a déjà tellement bu à la
santé de l'autre que c'est comme si nos deux foies se touchaient. Le style
n'est rien d'autre qu'une voix étrangement familière qui nous charme, et
justement celle qui chantonne dans ce recueil, sibylline, âpre, rauque,
amicale, lapidaire, n'est pas sans pouvoir. Lecteur, sauras-tu y déchiffrer en
haruspice l'avenir de la poésie ?
Une
pensée pour Tarkos. Une autre pour Bukowski.
Gare
aux écorchures.
Jahonas Gunzonic,
vendredi 17 juillet 2015.
Polyèdre.
I. Vertiges.
Mon ADN préhistorique.
De la poésie comme si c’était de l’art.
Le je et l’émoi.
*
Dépassé par sa propre nature impossible à dépasser.
Rattrapé par sa propre nature impossible à rattraper.
Ou le je et l’émoi.
*
Tromper l’éternel -
L’infranchissable éternité.
Le je et l’émoi.
II. Matthieu van der Meer.
« 3h41. J’ai été lâche. Je n’aurais pas dû approuver.
« 3h43. Je crains de me piéger dans mes propres règles.
« 4h03. Je tourne en rond. Je dois arrêter les clémentines.
« 5h05. Je cherche une issue.
« 5h06. A chaque fois…
« 5h08. … j’avance…
« 5h11. … droit dans le mur.
« 20h58. J’ai une grande déficience et un grand talent. J’essaie
de compenser l’une par l’autre. Les idées ne suffisent pas pour saisir
l’existence. Exactement comme l’impossibilité de saisir les décimales de
pi. »
III. Ascendances.
Nos traits se creusent
Des énigmes plus profondes
Où la verticale de sa nature
Lutte encore l’horizon.
*
Il y a l’amer
Il y a son
refrain
Il y a encore
A en franchir
l’éternité.
*
Nos traits se creusent
Exagérant son passé
Leurs lentes intransigeances
Leurs délirantes nudités.
*
Impossible
rebours
Exagérant l’amer
En contester la
nudité
En concéder
l’éternel.
IV. Théâtre.
Je passais mon temps à écrire.
J’ai trois gosses maintenant.
*
Que de livres lus, que de rêves.
Je ne rêve plus. Je rêve encore.
*
J’écris de la poésie.
Je ne fais pas de vers.
*
Le reste du temps
Je regarde par la fenêtre.
**
Tout se passe comme dans un film.
Il ne se passe rien.
**
J’épluche un
livre.
Des fois je
passe
Des nuits
entières à regarder le plafond.
*
Des centaines de
poèmes m’échappent
Tout un roman au
fond d’une bouteille
C’est à en
devenir fou.
**
Des semaines
entières enfermé
Sans jamais
aller plus loin que sa fenêtre.
*
Se croire à
l’épreuve du vide
Et rompre avec
le silence.
*
S’opposer à
l’éternité
Ou
l’inaccessible nudité.
V. Réminiscence.
Tout est bleu
Comme en pleine
nuit.
*
Je vieillis cruellement
J’écris.
**
Des heures en
silence
Jusqu’enfin coïncider
avec l’éternel
Ou sa nature
souterraine et approximative.
*
Jusqu’en
entretenir les illusions
Ou rompre avec
l’éternel
Sa nature
authentique et merveilleuse.
**
Des semaines
entières sans aller plus loin que sa fenêtre.
Jusqu’en ruiner
les illusions
Ou en entretenir
l’éternel.
**
Des semaines
entières jusqu’en tromper l’amer
En entretenir le
silence
Les paradoxes et
la solitude.
VI. Dysmétrie.
C’est une longue
nuit qui vient s’achever entre ses lèvres.
C’est en goûter
les mystères, la rigueur et les handicaps.
C’est en
apprivoiser la nature, en contester l’éternité.
**
C’est dans
l’infini reflet de nos baisers
Opposer à
l’inaccessible notre grotesque nudité
En renverser les
figures ou en ruiner tous les possibles.
**
En partager la
nature, les rêves et la légende
La nudité fragile,
éternelle et usée
En excéder la
simplicité et le complexe
En enfreindre la
nuit et son baiser.
VII. Acte.
J’emprunte aux
capitales tout l’outrage, les précipices, et jusqu’à l’usure de leur statique
et je n’en retiens plus que les tourments, la nudité sale et usée. J’en
substitue l’architecture monotone, la géométrie ennuyeuse, l’inertie.
Je poursuis dans
le silence carcéral de ce paysage rigide, aux angles droits, sombres et
tranchants, cet abîme froid et désolé, cette nature nue, malade et écrasante.
Et m’affranchis de sa stricte mathématique, de ses leurres et ses inepties.
Je peux ainsi
jouir de ce corps dressé, immobile et dégoulinant. En extraire les rêves, la
proximité et les ténèbres, la nature précieuse et exacte, jusqu’à en transgresser
le silence, les souvenirs et les secrets.
VIII. Panorama.
Nous passons
ainsi de longues nuits et des heures entières,
Sculptant
l’hésitante nudité corrompue de son silence.
*
Nous avons donné
notre préférence aux étoiles parce que nous en avons anticipé les ruines.
Et nous y avons
ajouté le chant plein de tendresse et d’illusions.
**
L’architecture de son cauchemar ou de la perpétuité des ténèbres.
L’infini répété de son possible ou la figure mathématique et
silencieuse.
*
Dans l’intimité
du détail, le détail infini, l’intimité de son complexe -
Ou
l’architecture infranchissable, l’infranchissable éternité, l’éternité d’un
regard.
**
Dans le mobile
infini d’une étoile
L’infirmité
répétée de l’éternel
La nature
incorrigible et vertigineuse.
*
Crever d’une
lecture ou d’un vers
Avant que nos
rêves ne s’interrompent
Grignoter un peu
de l’éternel.
*
Ressortir
intacte d’une lecture
En égaler le silence
La surprise ou
l’impuissance.
**
Des chants de
grenades un peu partout et le vent qui vous tire par les cheveux.
Des étoiles
comme autant d’aiguilles et des risques de bougainvilliers.
*
Quelque je infatigable et des
figures acrobatiques.
Une géométrie ennuyeuse et
superficielle.
Une nature aussi
sévère qu’admirable.
*
Capturer l’éternel
Dans la désagréable crudité d’une
ampoule toute neuve
Dans le rebondissement d’une seconde
au fond d’un évier.
*
C’est à l’angle
opposé
Leur superbe
Et regrettable
insouciance
La distance qui
nous sépare
L’insoutenable
physique.
*
Bleu est la
distance
Et il y a l’amer
Le mâle à
l’horizon
La solitude et
l’irréparable.
***
IX.
J. Gunzonic Vs le sur-impressionnisme.
« Le sur-impressionnisme ne fait pas de poésie.
Gunzonic si. »
je commencerai
par te réciter mes poèmes
ça t'intéresse
toujours ?
j'aime les
réciter avec un marteau à la main
je te préviens
(c'est pour la
ponctuation.)
*
ils sont où mes
moulins à vent ?
j'ai garé mon
bulldozer en double file.
*
je suis au
sommet de mon art
& je ne
compte pas redescendre.
*
peur que je vous
défonce la moelle épinière à la petite cuiller ?
avancez d'un pas
que je vous rase
de plus près.
*
il faut tout
défoncer si on veut obtenir le déplacement d'une seule virgule dans l'Histoire.
*
à quoi ça sert
de lire mes poèmes
si c'est pour
pondre
un machin pareil
merde.
*
J.Gunzonic:
l'homme qui hurlait dans le cul de son lecteur.
X. L.
De l’angoisse infinie de l’immortel
ce ne sont que des rêves
inoffensifs et passagers.
Outre la fascination des astres
c’est avec quelques difficultés
que nous en sculptons les ombres
Au travers le détail saisissant
d’une nature cyclopéenne ou hésitante
obéissante ou centripète.
XI. Fragment.
Nous sommes merveilleux
Splendides ou mortels
Calmes et fatigués
L’incessante nudité
L’horreur et l’hypothèque
L’éternelle géométrie
L’imposture
Avant le manque
La caricature
Ou des statistiques.
XII. Superpositions.
Dépasser l’éternel
En éprouver l’usure
La nécessité et les lois.
*
Tromper l’éternel
Triompher de l’indifférence des
astres
De la nécessité et des lois.
*
Atteindre de redoutables certitudes
En refuser la
nécessité et les lois
La nature
scrupuleuse et passionnée.
**
Il est des horizons dont nous ne
connaissons plus que la fuite - des veilles dont nous ne savons plus que la
chute. Où l’on faillit s’aimer alors que l’on ne connaissait rien de l’amour.
Très lentement. Trop lentement peut-être. Jusqu’en imposer d’invariables abîmes
et des rêves ennuyeux. Jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que le vide et la
pesanteur
*
Comme si tout cela devenait plus
juste en ton absence - grave, stérile, tolérable, rigide - incontestable.
Portraits creusés jusqu’au sang, jusqu’à l’indigestion, où l’obscénité du trait
nous renvoie à l’infinie trahison des dieux et des astres, à leur nature
subtile, aveugle et indifférente
*
C’est avec quelques difficultés que
nous en sculptons les ombres, la nature cyclopéenne et lancinante. C’est avec
plus de difficulté encore que nous en sculptons le silence, la corruption et
les outrages. Echouant d’en résoudre la nature, la poésie et le manifeste
**
N’en plus
contester le nu, le grotesque et l’empire
L’arithmétique
obsédante et sanguinaire
L’impeccable
faillite et la simplicité
Le gouffre.
XIII. Epsilon.
Capturer
l’éternel
Dans un
étirement de paupière
En surprendre
l’irréversible
La nature
spectaculaire.
*
Capturer
l’éternel
Dans le
retranchement d’une paupière
L’infaillible
nudité
Le grincement
douloureux.
**
Navré du reste
et de son contraire
S’en foutre
encore
Plein le nez.
**
Inventer de
nouvelles figures
En privilégier
l’angoisse et les contradictions
L’ennui et le
calme.
*
(…)
Les vertiges et
la réincarnation
L’immortalité
La chute ou la
légèreté.
XIV. Hominidae.
C’est une nuit privé d’obstacle, de
génie et de goût.
A la fragilité licencieuse, à la
rigidité excessive
Une nuit silencieuse.
Une nuit sans intimité sans vertige et
sans exil.
Passé dans la carcasse aveugle de
quelque passé
Dans la carcasse aveugle de quelque
démon.
Une nuit de plus passé dans l’indifférence.
Dans la nominalité des proies échouées alentour
Dans une chambre sans volet.
*
Je me laisse surprendre
Je me fais rattraper.
Ce qui d’un côté m’empoisonne m’est tout
à la fois
Naturel.
Où naître plus soi-même autre
Ment que soi.
Naître plus soi-même qu’au dé
Triment de soi.
Et en improviser l’ordinaire
En dompter la banalité.
Comme si revenant
De loin et toujours hors de moi.
*
Fermer les
volets et se priver des étoiles.
Rester seul dans
cette chambre sans volet.
Et combiner les
étoiles.
S’en
réapproprier la nature, le vide et le silence.
En ressusciter
les ombres.
En creuser un
peu plus l’intimité et les ténèbres.
Fermer les
volets et se priver des étoiles.
Rester seul dans
cette chambre sans volet
Et combiner les
étoiles.
Se réconcilier
avec sa nature, en deviner les ténèbres.
En ruminer un
peu plus le vide et le silence.
En prévenir
l’essence et la faim.
*
Le corps est un
obstacle difficile et la nuit encore à franchir -
Il y traine un
parfum d’éternité dont il nous faut chaque fois reconquérir l’oubli
L’essence
Les qualités et
l’éclat, en deviner l’impossible.
*
Dans cette chambre aux rideaux opaques
Au lit trempé
L’objet de notre propre faillite est
aussi la résistance que l’on y oppose -
Et rêver est inutile.
XV. Poèmes
domestiques ou « Nietzsche, ta mère et moi. »
1.
« Faire preuve d’ironie et de recul
sur soi-même »
Voilà ce que je lisais ce matin
Quand elle m’a demandé
Si le café était prêt, si j’avais bien
dormi.
2.
Je m’occupe de ma fille.
Je regarde le plafond.
Je bois énormément de café.
Je ne lis plus.
3.
Jeune, beau et discipliné
Je rêvais.
Je regarde la télé maintenant
Et je tourne en rond.
4.
Je rêvais par millions
Maintenant je ne rêve plus
Je me relève la nuit.
5.
Je me ronge les ongles
Je fume, je bois
Je perds mes cheveux
Je ne rêve plus
J’anticipe.
**
Double fond.
Je me rappelle
de longs après-midi
En plein soleil
Que je ne rêvais
déjà plus.
Maintenant j’ai
la barbe
Des gosses
Une télé qui ne
me sert à rien
Et je bois.
*
Impossible de
trouver
le sommeil.
J’écrase
au fond de mon
cendrier mon impuissance.
Càd
mes rêves.
*
je crois que
je crois que
s’il ne me prend
pas
s’il ne me prend
pas
subitement
etc
l’envie de chier
etc.
*
l’infinie figure
de son silence
et sur nos
lèvres encore
un peu de
l’éternité
où quelques
rêves encore
en exercent la
solitude.
*
tous ses génies
terrassés
et la nuit
abandonnée à la
gratuité des heures
où notre nudité
la délicieuse
arithmétique.
*
Rêver à de grandes choses
Mais ne faire que rêver.
Parce qu’il ne nous reste rien
Que quelques minutes.
XVI. Colosseum.
1.
Les ombres se
retirent
Précipitant nos
édifices tourmentés
Ces colosses
rivés sur leurs socles
Et leurs
tourments dérobés
A l’envers des
ombres
Et se dérobent.
2.
Cette nudité imparfaite ni exagérée.
Epuisée de soleil et de malice.
Ou tout ce que la nuit nous
révèle.
3.
Echapper à cette réalité fragile
et exigeante.
Et en travers cette redoutable obscurité
A cette nudité fragile et
beaucoup trop lente.
4.
Tandis que le soleil tourne autour de la
terre et tout le ciel avec lui
J’écris
Mon cendrier plein à ras-bord.
5.
Je bois de longs whiskies dans de vrais
verres à moutarde.
Et je fume mon cendrier plein à
ras-bord, je ne fume pas
Que du tabac.
XVII.
L’atome d’un
moment pour en catapulter l’éternel.
*
L’atome d’un
instant pour en réaliser l’éternel.
*
Tout le complexe
de l’atome afin d’en saisir l’éternel.
XVIII. Métaphysique.
1. Métaphysique.
Squelette que
l’on excède dans l’atome d’un instant
Squelette que
l’on concède à la rigueur.
Corps flottant dont il faut rendre aux ombres la souplesse
Des ombres que
l’on croise avant que le ciel ne se retire.
Des ombres que
l’on croise encore la nuit
Nuit
squelettique dont il nous faut extirper le squelette.
*
Liberté prise
au-delà de ses rêves
Et de la stricte
mathématique des lois
Née de la stricte mathématique des lois
Ou d’une nature
rationnelle et prévisible
Pour en accorder
le génie et les chagrins
En réaliser
l’éternel et le complexe.
*
L’atome d’un
moment pour en catapulter l’éternel.
Monument de
l’atome où le je est égal
Unique et sans
issue.
Où tout le je de
l’atome remplace l’éternité
En prétendre à
la fois la nécessité et la beauté
La nature grave
et monstrueuse.
2. Synopsis.
La jalousie des
formes
la nudité du
sommeil
la vie dans tout
Ce qu’elle a de
plus tragique et ponctuel
l’actualité
détaillée et précise
devant laquelle
l’éternité s’effondre
La gratuité
d’une nuit
dans l’espoir
d’en dompter l’éternel
le vide abrupte
La gratuité
d’une nuit
ou un long
abrégé de l’éternel
pour en
apprivoiser le vide et les détails infinis
Les souvenirs
usés, l’usure et le silence
pour en réaliser
l’éternel
en révéler
l’intimité
Ou en dompter
l’insolence
l’insolence et
les dieux
en exposer la
nature
Précise et le
génie
où à la terrasse
même de son génie
nous débordons
l’éternel
Lui dérobons son
génie
le complexe
amputé de son
génie.
3. Apocryphe.
Les ombres lentement
Ou d’une architecture incroyable et
ennuyeuse
Des figures anonymes
Et instruites.
Une géométrie infranchissable
Préoccupante et polie
Ou le génie insaisissable
Figures éternelles ou immobiles.
Nature sauvage et éphémère
Des dialogues interrompus
Ou l’absence de figure
L’arithmétique déliquescence.
XIX. Prototype.
1. Anonyme.
Je n’ai rien
Plus même d’appétit.
2. Conditionnel.
Je bois
je fume
Je ne
mène pas une vie non plus dangereuse
Si
Extra
Ordinaire.
3. Mûr.
Entretenir un sphinx sans énigme
Et borné
Au sexe imposant
Au mobile infini.
4. Côte.
Je n’appellerais pas ça des vacances
Mais
Il y a la mer
Et j’ai du temps à perdre.
5. Crépuscule.
Renaître sous les draps
Ou à la terrasse même de son génie.
Ouvrir les fenêtres
Ou vulgairement se faire vieux.
6. Exponentiel.
La figure complexe
L’intimité stricte.
En réfuter l’illusion
En deviner l’impossible.
La nature et le trouble
Le trouble et le génie.
7. Hectare.
Récréation de l’éternel
la poésie ou le vide.
Transaction de l’éternel
L’obscénité ou la délicatesse.
Infraction de l’éternel
L’hostilité ou la gêne.
XX. Cycle.
1. Cycle.
Observer le jour se lever
et au lever du jour
attendre l’arrivée des chars
que remplacent d’autres chars
qu’attendent d’autres chars.
Quelle histoire
une fois mort
morts
dont l’écrit sont l’écho
où il faut une armée
pour rentrer dans l’histoire.
Réalité
nègre de nos ancêtres
qualités
aborigènes et poétiques des éléments
légende
adoptée du soleil
contre
le chant ininterrompu de l’acier.
Et le
ciel qui nous tombe sur la tête
par
mégatonnes
des
rêves grandeurs natures
pulvérisés
dans la nuit
en une
seule nuit.
Tropiques
démêlés d’un polaroïd
nuits
climatisées sur le monde
pâleur
numérique des paysages
augmentés
jusqu’à la faim,
argumentés
sang et larmes.
*
2. Leitmotiv.
La r
é
volution.
*
3. Url.
Je ne partage
pas le soleil
Je me relève la
nuit
Où cent
monologues
En ruinent le je
et les acrobaties.
*
***
*
Mâle-être.
1.
Je dont ignorons
les règles
Le loisir et les
scrupules
La nature universelle
Et le mâle.
2.
Un je qui se
joue seul
Qui ne se fait
pas sans mâle
Et qui se
répète.
3.
Je sans égo
Ou en exhiber le
mâle.
Je sans partage
Ou en exalter le
mâle.
En compliquer le
je
En se donnant un
peu plus de mâle.
4.
Des maux d’amour
Des maux qui ne
veulent plus rien dire.
Un mâle borné et
périlleux
Ou l’amour du
je.
5.
Des maux sans
intérêt
Un je sans alibi
La nature
criminelle ou millénaire.
6.
Ceci n’est pas de la poésie
Ce ne sont que des maux.
Ceci n’est qu’un je
Un simple contretemps.
7.
Je est un autre
Différent ou meilleur
Un moindre mâle
Un tout autre
sujet.
8.
Quelques minutes
heureuses
Avant que le
mâle ne refasse surface
Fermer encore
les yeux.
9.
Sans plus dire
un maux
Mais après en
avoir extrait tout le mâle
Avoir la garantie de l’éternité à venir.
10.
Le mâle est passé
Je me suis prêté au je
J’étais nu et tranquille
Et le mâle est passé.
11.
Baiser rouge de
ses lèvres rouges
Décollant mes
lèvres du midi
Ou de l’indisponibilité des étoiles
La nature mâle
heureuse.
12.
Des règles fixes.
L’éternité d’un frisson.
Ou de la lenteur des obstacles.
Un mâle sans secret.
13.
Un mâle qui ne me lâche plus
Ou de grands espaces
Verts, nus, écrasés
Un je subtil.
14.
Egal à moi-même
J’observe le mâle
Sans plus un maux.
15.
je me creuse un peu
plus
chaque jour je
vieillis
mâle mais je
suis vivant.
16.
Je joue le je
Je à quitte ou double
L’éternité ou rien.
17.
En renouveler
chaque fois le mâle
Les maux et la
faim
En refuser la
passion
En conserver le
masque.
18.
Creuser le mâle jusqu’à la rendre muet
En précipité la nature sacrée et paradoxale
Ramener le je à son avantage.
19.
Je vieillis mâle
J’apprends de nouveaux maux
A en travestir la faim
L’essence et l’émoi.
20.
Impossibilité du
mâle
Si le je n’était
autre
Et on joue sur
les maux
L’écrit
transfigurant l’émoi.
21.
Emoi
Sans rival ni
pitié
Dont la faim n’a
d’égal que son génie.
22.
Le mâle n’est qu’un je
Je joue alors sur les maux
Avec autant de
mâle que de génie.
23.
La pudeur, les
excès
Le mâle ou l’antichambre
Et mille et une
nuits.
24.
Autre je que l’émoi
Le mâle
Les paradoxes et la solitude
Ou le génie solidaire.
25.
L’émaux de la faim dans son émoi sidéré.
Des maux défigurés par le mâle qui le ronge.
Où l’écrit transcende sa propre faim.
26.
Un mâle ordinaire
Ou de la tentation de l’éternel.
La nature rationnelle et prévisible
Un mâle transparent.
27.
Complice du mâle
Je me prête au je
Funambule et géomètre.
28.
Ne serait-ce qu’un je
Ou l’impossibilité même d’en saisir le mâle
D’échanger quelques maux.
29.
Le soleil dans les yeux
Ou d’une poésie faite avec les mors
Un mâle invisible.
30.
Des maux plus que nécessaire.
Ou l’irrésistible nudité.
Un je douteux.
31.
Ne serait-ce qu’un je
La tentation du mâle
L’arithmétique ou le pendule.
32.
Avant que le mâle ne représente un danger
Dépasser sa propre nature impossible à dépasser
Rattraper sa propre nature impossible à rattraper
Avant que le mâle ne représente un danger.
33.
Aucun maux ne s’invente
C’est en articuler le mâle
Progresser dans le je.
34.
Etouffer dans la rigueur des éléments.
En traduire l’émoi ou la poésie.
En réinventer le je.
35.
Sombrer au fond d’un vers
Rajouter encore un maux.
Ou bien rouler encore.
36.
Je est un autre
Son mâle pris à défaut.
Je me prête au je
J’en favorise le mâle.
37.
Assez mâle
Pour tout vous dire
Ou particulièrement naitre
Plus que prétextes et échéances.
38.
Se tromper sur
les maux
Se tromper sur
le mâle
/ l’orthographe du maux
& la
naissance du mâle.
39.
Agréablement douter de son génie
Ou en exagérer le mâle
En traverser le luxe et le néant
En renverser le luxe et le néant.
40.
Capturer l’éternel
L’amputer de son mâle aveugle et banal
En vaincre l’irrésistible logique.
41.
Mâle
Sans cause ni retard
Participe du je
L’ancestrale nudité.
42.
Le mâle
Le je et les abîmes
La nature imaginaire ou dévastatrice.
43.
L’ennui du je.
Un mâle trop grand.
La figure complexe.
Une nature impitoyable.
44.
En contrarier la nudité
En ressusciter le mâle
En poursuivre l’arithmétique
Les figures et la fulgurance.
45.
En dénoncer le je
En assumer le mâle
Un mâle incontournable
La nature circulaire.
46.
Il y avait l’amer
Il y a toujours le mâle
Et l’improbabilité d’être.
47.
C’est une longue nuit qui vient s’achever entre ses
lèvres.
C’est en inventer tout un dictionnaire de maux
Qui ne s’invente pas.
48.
Se rapprocher encore
Dans un grincement douloureux
Tenir ainsi le mâle en échec
Ou l’irrésistibilité d’être.
49.
Tout miser sur le mâle
Aller jusqu’au bout du je
Ignorer tout de la faim.
50.
C’est un je dangereux
Et cent horizons
La nature vulnérable et menacée
Un mâle torturé et téméraire.
51.
S’attacher à sa nature scrupuleuse
A son silence passionné.
Ou se délivrer du mâle
En déjouer chaque maux.
52.
Notre nature insouciante.
Son mâle insoupçonné.
Son redoutable silence.
Son impeccable sinuosité.
53.
Jouir de son
mâle
Jusqu’en ruiner
la faim et les je
La nature
prétentieuse et disciplinée.
54.
Un mâle cruel et inflexible
Un je inépuisable.
Sa
nudité fragile et éternelle.
Où crever sans
mâle
D’une lecture ou d’un vers.
55.
Ne retenir de son mâle
Que le ridicule et le danger.
Ou ne l’entretenir plus
Que de son arrogance et de sa bêtise.
56.
Reconquérir l’éternité
Ou résister à l’oubli.
Insister sur son mâle
Un mâle sans concurrence.
57.
Reformuler chaque maux
En surmonter les difficultés
Càd
Les apparences.
58.
En entretenir le mâle.
En contrarier le je.
Un je inséparable de son mâle.
59.
Un mâle audacieux ou déterminé
Un je dégradant
Où plus d’un moi de gaspillé.
60.
Surmonter le mâle
L’infatigable je.
En réinventer la nudité
Et la science.
61.
En discipliner le mâle
Le je infatigable.
Ou de la résistance des formes
La nature insurmontable.
62.
Un mâle intransigeant
Et systématique
Une faim naturelle
Et
Cetera.
63.
Les traits creusés
Des figures muettes.
Une ligne droite
Un simple je.
64.
C’est en supposer le mâle
Ou l’inimitable cruauté
L’extravagance et l’absurde
La nature barbelée.
65.
Entrainé par son mâle
Son authentique nudité.
Ou en trahir l’émoi
En prolonger le je.
66.
Dévoré par son mâle
Jusqu’en résoudre le génie
La proximité et l’inertie.
67.
Un mâle sans équivalent
Une nature dévouée
Un je insoutenable.
68.
Se réconcilier avec l’éternel
En assimiler les figures
Se rapprocher du mâle.
69.
En arracher le mâle
Le génie et les maux.
En refuser la dynamique
Le mâle et la hiérarchie.
*
***
*
Autoportrait.
1.
Faire court et prendre le temps. 2. Séparer
le rêve de la contrainte. 3. Eprouver la
contradiction des corps avec la lumière.
*
4. L’avenir se
pose comme un problème compliqué voire douloureux. 5. L’avenir comme possible - à la seule
condition qu’il se partage.
*
6. L’homme
n’existe qu’à condition qu’il doute. 7.
Douter ne fait pas partie de la nature humaine.
*
8. Nous avons abandonné l’éternité au
profit de l’atome. 9. Depuis que nous
avons capturé l’atome, l’éternité fait défaut.
*
10. De plus en
plus gai, l’homme est de plus en plus sophistiqué. 11. Ou de plus en plus laid, l’homme est de
plus en plus civilisé.
*
12. Assez jeune
encore, pour vieillir encore. 13. Essayer
de se surprendre et de se reconnaitre tout à la fois. 14. Prendre de l’âge - perdre de son avance. 15. Perdre son temps ou écrire.
*
16. L’objet de
notre propre faillite est aussi la résistance que l’on y oppose. 17. Et rêver est inutile.
*
18. Philosophe
avant d’être moi. 19. Je ne suis pas
infaillible, je suis concentré.
*
20.
Je troquerais bien mes rêves pour un peu de repos.
*
21. Bukowski
n’est pas seulement génial, il est au-dessus de ça. 22. Depuis Bukowski, il faut plus que du
génie.
*
23. Rien de plus
précieux que la solitude, c’est dire tout ce temps gâché. 24. Faire les choses seul, ce peut être aussi
les faire à moitié.
*
25.
Je me brûlerai la cervelle quand j’aurai fini de ma gratter les couilles.
*
26.
« Je sais infiniment que tu m’aimes infiniment. » 27. Mais.
*
28. Nous sommes
connectés et pas bien brillants - ou trop indulgents nous manquons surtout de
lucidité.
*
29. Nous
sommes des êtres merveilleux parce que tout à fait irresponsables. 30. Et si superficiels que le génie passe soit
pour une seconde nature soit passe inaperçu.
*
31.
Nous crevons tous dans d’horribles certitudes.
*
32.
Rien dans ma bibliothèque ne m’inspire plus que son cu.
*
33.
Lire me détourne toujours un peu plus d’autrui.
*
34.
Ecrie ou faire la différence avec l’éternité.
*
35.
La prétention d’une langue conduit toujours au pire.
*
36. J’écris, j’évite
d’être drôle. 37. J’écris par manque de
finesse.
*
38.
Parce que je manque de volonté je manque aussi de sommeil.
*
39.
Dieu ou ce qui est inaccessible même à l’imagination.
*
40.
« Gunzonic Vs le sur-impressionnisme : le sur-impressionnisme ne fait
pas de poésie, Gunzonic si. »
*
41.
Loin d’être génial ou talentueux, je manque plus de conviction que d’assurance.
*
42.
Que l’on puisse écrire de la poésie en langue française voilà qui semblait
impossible avant J. Gunzonic.
*
43.
Le sur-impressionnisme ne croit pas aux idées, il croit au sens. 44. Le sur-impressionnisme ne croit en rien, il
fait semblant.
*
45. Nous parlons
du passé soit par prétention soit par ignorance.
*
46.
« Moi c’est Charles, avec un p. Comme dans Isidore Ducasse, Antonin
Artaud, Céline. »
**
47. Le
sur-impressionnisme ne fait pas de poésie, il manque de tact.
*
48.
Rien dans ma bibliothèque n’égale la poésie de J. Gunzonic. 49. Ma bibliothèque
toute entière ne vaut pas un vers de J. Gunzonic.
*
50. Je suis tout aussi sérieux que
misérable. 51. Et Je bois - j’ai horreur
de la vitesse.
*
52.
Ecrire - en entretenir les illusions et les prétextes. 53. C’est-à-dire le vide, les rêves, l’ennui
et les contradictions.
*
54. Ecrire n’a
jamais été pour moi autre chose que de faire des phrases. 55. D’en surmonter la fiction et la
trahison.
*
56.
Je ne relis jamais deux fois le même livre - sauf par inadvertance. 57. J’entretiens de longs silences avec les
morts. Etc.
*
58. Je suis un
être d’étude - arrogant, inoffensif et décevant. 59. Je passe donc aussi facilement pour
quelqu’un de prétentieux que pour un con.
*
60. Nous lisons
nos plus mauvais livres (en général) au bord de l’eau. Et c’est peut-être à la
montagne que nous lisons le plus mal.
61. Ou pas.
*
( 62.Tant qu’il
y aura des best-sellers et des blockbusters on se moquera de tout. 63. C’est dire comme la culture est nulle et
la rentrée est pire. )
*
64. La lecture
s’oppose en soi au divertissement. 65.
Où nous divertir d’une lecture quand trier ses déchets demande autant de talent
que de souplesse. Etc.
*
66. N’importe
qui peut aller sur la lune - mais écrire n’est pas à la portée du premier venu.
67. Tout le monde peut faire des vers - mais
très peu encore de la poésie.
*
68. Faire des
aphorismes c’est à la fois reconnaitre son propre gouffre intellectuel. 69. Et constater la ruine de sa propre
pensée.
*
70. De la
digression du sensible à l’irréductibilité de l’être - à la fois leur proximité
et l’abîme qui les séparent. 71. Ou du
poème à l’haïku.
*
72. La poésie ou
l’usure dont nous sommes la conscience c’est-à-dire les ruines et
l’éternel.
*
73. C’est
l’impossibilité de rebondir et celle de s’interrompre - c’est une mort assurée
et rassurante. 74. C’est trouver l’art tout
aussi ridicule que l’amour est accablant.
75. Et la mort exagérée.
*
76. Le
sur-impressionnisme n’a rien de génial. Il est exact. 77. Le sur-impressionnisme est déjà dans la
démesure c’est-à-dire l’expression la plus sincère de son propre néant.
*
78. Le
sur-impressionnisme n’est ni de l’art ni de la poésie. 79. C’est soit une perte de temps soit un
progrès. 80. Considérant que le progrès
soit admissible historiquement et que le temps soit synonyme de liberté.
**
81.
Nous rêvons à de grandes choses mais ne faisons que rêver. 82. Parce qu’il ne nous reste rien, l’éternel
ayant cédé.
*
83.
Un poète finit toujours par atteindre ou céder à un lyrisme sanguinaire. 84. C’est-à-dire tyrannique et joyeux.
*
85.
Ecrire avec tout l’ennui que cela représente.
86. Avec toute la rage et la naïveté que cela implique.
*
87. Je suis d'un
pathétique exubérant, d'un calme olympien.
88. Aussi drôle que suicidaire.
*
89. Nous sommes
des êtres merveilleux, irrésistibles et éphémères. 90. C’est-à-dire tout à fait mortels.
*
91. Chaque poème
une certitude de plus - un vice de plus.
92. C’est-à-dire que l’on vieillit, qu’on ne s’arrange pas.
*
93. Relater
l’existence de millénaires 94. En
réfuter la discipline. 95. Ou mener une
vie bien à soi - identique à d’autres millions.
*
96. Le mal n’est
pas seulement une idée, il s’organise.
97. Et si le mal n’a pas d’avenir, il a des appuis.
*
98.
Doué d’une nature toute aussi faible qu’orgueilleuse et bornée. 99. Nous sommes tout aussi inflexibles que
prodigieux et cruels.
*
100. Ecrire
c’est au péril de soi. 101. C’est-à-dire
que l’on peut toujours faire mieux.
*
102. Bleu est la
distance. 103. Et Nous revenons de loin.
*
104. On ne lit pas Proust pour savoir
qui était Marcel.
*
105.
Ecrire n’a rien d’intime c’est en réfuter le spectacle et l’arbitraire. 106. C’est en refuser le spectacle et l’arbitraire.
*
107. Autant le
sur-impressionnisme s’éloigne de la poésie autant il se rapproche de la
philosophie 108. Mais il n’est ni l’un
ni l’autre.
*
109. Ressortir
intacte d’une lecture. 110. Ou la lente
et irréprochable poétique.
*
111.
Si l’histoire se répète, c’est parce que l’on recul. 112. Et si l’on recul c’est que l’on est
condamné à disparaître.
*
113.
Romantique je suis aussi très prévisible.
114. Erudit je suis plus qu’insupportable. 115. Dangereux, mais pour personne.
*
116.
Doués d’une nature aveugle et implacable nous sommes sans surprise. 117. Ou bien pire encore.
**
118.
Naturellement bon parce qu’il est un homme mais c’est parce qu’il est un homme
qu’il est rigoureusement mauvais.
*
119. L’homme est
un monstre si on vient lui gâcher le mâle.
120. C’est en découvrant l’atome que l’on nous a gâché le mâle.
*
121. Trouver l’amour tout comme la
poésie, aussi décevant que risible 122.
C’est encore trouver la mort plus concrète et convaincante.
*
123. De la poésie comme si c’était de
l’art. 124. C’est-à-dire au-delà de
toute nécessité et sans souci d’aucun idéal.
Notes.
125. Nous sommes
encore tout aussi rigides que nous pouvons être écœurants. 126. Tout aussi fabuleux que nous pouvons
être méprisables.
*
127. Il y a ceux
qui savent baiser. 128. Et ceux qui
redoutent le désordre.
*
129. La misère
est cachée à ceux qui ne veulent pas la voir - on appelle ça le progrès.
*
130. Je passe de
longues heures entre la contrariété et l’ennui quand je ne les passe pas au
calme 131. C’est-à-dire seul.
**
132. Ne jamais
rivaliser d’autorité - écrire. 133.
C’est-à-dire retirer de l’exquise conscience de soi, la folle assurance de son
ego.
*
134. La poésie
ou retrancher de son quotidien l’être qui autrement succombe. 135. Ou autrement ne déjà plus faire partie
du monde avant de succomber.
***
*
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