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Polyèdre.








Polyèdre.




Par Hugues Zeplin.












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à Em et Nj.








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ARRACHE LES ROSES DE LA VIE À MAINS NUES




            Paul Éluard a prophétiquement déclaré le samedi 2 octobre 1937 : « Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré. » À quelle heure ? Je n'en sais foutre, je n'y étais pas. Je suis né, comme l'auteur du présent recueil, quarante ans après cette juteuse pensée. Mais si j'avais à parler, moi aussi, de la place et du rôle de la poésie dans notre culture, je remonterais, je pense, au moins jusqu'à Victor Hugo. Son audace primitive de disloquer l'alexandrin classique, je la comparerais à celle de Marcel Duchamp (Roue de bicyclette, 1913). Hugo et Duchamp, deux grands hommes par qui le scandale moderne est arrivé. Le poème romantique passa en prose, vers libres, calligrammes, merz, slam, slogans, etc., comme l'art moderne monolithique céda devant l'art contemporain protéiforme. Mais pour une fois soyons justes et précis, nous devons l'invention du poème en prose français à Maurice de Guérin (Le Centaure, posth. 1840) ex æquo avec Aloysius Bertrand (Gaspard de la nuit, posth. 1842)... Bah ! Ah ! Je ne tiens pas à te vous ennuyer ici avec un cours d'histoire de la littérature posthume, lecteur, c'est l'avenir vivant qui compte. Nous vivons à la fin du IIè siècle après Victor Hugo, à une époque où la poésie, semble-t-il, n'exerce plus vraiment sa fonction de Muse, et voici venu pour toi le moment ou jamais de comprendre la situation.
         Un « philosophe » « nietzschéen » de notre temps a très justement interprété la désaffection croissante des temples et des églises comme une intériorisation massive de la morale chrétienne, les nombreux lieux de culte vides constituant d'après lui (et pour une fois je suis d'accord avec lui) autant de preuves de l'influence profonde de la religion sur notre société. Ne sous-estimons pas l'intériorisation, surtout si elle est collective. Il n'y a qu'à observer, au hasard, les dégâts qu'elle fait sur la conscience anglo-saxonne : puritanisme exacerbé, autocensure... 





                                           APOLOGUE


Il était une fois une société heureuse, un peuple fier de sa bavardise : les Cause-Toujours. Les petits malins, ils avaient réussi à neutraliser la subversion... en la tolérant, si bien qu'ils passaient leur temps à rire de tout pendant que leurs voisins, les Ferme-Ta-Gueule, perdaient tout le leur à la vouloir punir.

Un matin, par surprise, les frères Ferme-Ta-Gueule assassinèrent les frères Cause-Toujours. Le peuple Cause-Toujours, ému, se réunit quatre jours après pour rendre hommage à ses martyrs « morts de rire », revendiquant haut et fort que l'humour, pas plus que Dieu, ne saurait être pris au sérieux, etc.

Certains Cause-Toujours avancèrent toutefois que les frangins disparus étaient innocents, mais non inoffensifs – dont moi.

La liberté de masse a tari la source de l'Autorité. On censure le peuple à son insu – à l'insu de son plein gré, comme dirait l'autre – en le laissant s'exprimer tous azimuts. Il n'est point de tyrannie puissante comme la cacophonie, en effet. 

Et ceux qui étaient sourds ont raison, et ceux qui ont tort entendirent bien.

Si seulement NOUS avions écouté nos frères au lieu de les ignorer bruyamment, j'affirme depuis la Lune où je pierrote que notre « rire rabelaisien » posséderait encore le pouvoir de désarmer tous les méchants Ferme-Ta-Gueule d'où qu'ils viennent.





Au pays de la libre expression, les journalistes ne blasphèment point. On peut encore interpréter le désintérêt actuel pour la poésie comme une intériorisation massive de celle-ci, une sorte d'incorporation, les nombreux rayons « Poésie » vides des FNAC constituant d'après moi (et pour une fois je suis d'accord avec moi) autant de preuves de l'influence profonde de ce genre littéraire sur notre société. Ne sous-estimons jamais l'intériorisation, surtout si elle est massive, et n'oublions pas de distinguer « sens étymologique » et « sens strict ». Le poète stricto sensu n'est qu'un simple auteur de poèmes ; au sens étymologique, c'est un créateur, un artiste avec un grand A. Tandis que les textes d'un simple auteur de poèmes sont sans valeur ni intérêt, tout ce que crée un Artiste est précieux : les plats réussis et même ratés qu'il cuisine, ses listes de provisions, ses étagères, les petits meubles qu'il conçoit, les lettres qu'il envoie ou pas, sa vie, ses rêves, absolument tout ce qu'il songe, dit, écrit, fait, a fait, fera depuis au moins Marcel Duchamp relève de l'Art.
         Toutefois en se « libérant » jusqu'au bout, jusqu'au facialisme, le genre poétique ne se serait-il pas un peu « enfermé dehors » ? Je me le demande. Et en même temps la poésie actuelle me paraît agir à la manière d'un océan qui se jetterait furieusement dans tous les fleuves à la fois.
         Les poèmes du présent recueil sont l'oeuvre d'un Artiste qui m'influence directement alors que je ne l'ai jamais rencontré. Nous vivons à plusieurs centaines de kilomètres de distance, pourtant chacun a déjà tellement bu à la santé de l'autre que c'est comme si nos deux foies se touchaient. Le style n'est rien d'autre qu'une voix étrangement familière qui nous charme, et justement celle qui chantonne dans ce recueil, sibylline, âpre, rauque, amicale, lapidaire, n'est pas sans pouvoir. Lecteur, sauras-tu y déchiffrer en haruspice l'avenir de la poésie ?
         Une pensée pour Tarkos. Une autre pour Bukowski.
         Gare aux écorchures.





Jahonas Gunzonic,
vendredi 17 juillet 2015.








Polyèdre.



















I. Vertiges.




Mon ADN préhistorique.
De la poésie comme si c’était de l’art.
Le je et l’émoi.


*

Dépassé par sa propre nature impossible à dépasser.
Rattrapé par sa propre nature impossible à rattraper.
Ou le je et l’émoi.


*

Tromper l’éternel -
L’infranchissable éternité.
Le je et l’émoi.






II. Matthieu van der Meer.



« 3h41. J’ai été lâche. Je n’aurais pas dû approuver.
« 3h43. Je crains de me piéger dans mes propres règles.
« 4h03. Je tourne en rond. Je dois arrêter les clémentines.
« 5h05. Je cherche une issue.
« 5h06. A chaque fois…
« 5h08. … j’avance…
« 5h11. … droit dans le mur.
« 20h58. J’ai une grande déficience et un grand talent. J’essaie de compenser l’une par l’autre. Les idées ne suffisent pas pour saisir l’existence. Exactement comme l’impossibilité de saisir les décimales de pi. »






III. Ascendances.


Nos traits se creusent
Des énigmes plus profondes
Où la verticale de sa nature
Lutte encore l’horizon.

*

Il y a l’amer
Il y a son refrain
Il y a encore
A en franchir l’éternité.

*

Nos traits se creusent
Exagérant son passé
Leurs lentes intransigeances
Leurs délirantes nudités.

*

Impossible rebours
Exagérant l’amer
En contester la nudité
En concéder l’éternel.






IV. Théâtre.



Je passais mon temps à écrire.
J’ai trois gosses maintenant.

*

Que de livres lus, que de rêves.
Je ne rêve plus. Je rêve encore.

*

J’écris de la poésie.
Je ne fais pas de vers.

*

Le reste du temps
Je regarde par la fenêtre.


**


Tout se passe comme dans un film.
Il ne se passe rien.


**


J’épluche un livre.
Des fois je passe
Des nuits entières à regarder le plafond.

*

Des centaines de poèmes m’échappent
Tout un roman au fond d’une bouteille
C’est à en devenir fou.


**


Des semaines entières enfermé
Sans jamais aller plus loin que sa fenêtre.

*

Se croire à l’épreuve du vide
Et rompre avec le silence.

*

S’opposer à l’éternité
Ou l’inaccessible nudité.






V. Réminiscence.



Tout est bleu
Comme en pleine nuit.

*

Je vieillis cruellement
J’écris.


**


Des heures en silence
Jusqu’enfin coïncider avec l’éternel
Ou sa nature souterraine et approximative.

*

Jusqu’en entretenir les illusions
Ou rompre avec l’éternel
Sa nature authentique et merveilleuse.


**


Des semaines entières sans aller plus loin que sa fenêtre.
Jusqu’en ruiner les illusions
Ou en entretenir l’éternel.


**


Des semaines entières jusqu’en tromper l’amer
En entretenir le silence
Les paradoxes et la solitude.






VI. Dysmétrie.


C’est une longue nuit qui vient s’achever entre ses lèvres.
C’est en goûter les mystères, la rigueur et les handicaps.
C’est en apprivoiser la nature, en contester l’éternité.


**


C’est dans l’infini reflet de nos baisers
Opposer à l’inaccessible notre grotesque nudité
En renverser les figures ou en ruiner tous les possibles.


**


En partager la nature, les rêves et la légende
La nudité fragile, éternelle et usée
En excéder la simplicité et le complexe
En enfreindre la nuit et son baiser.






VII. Acte.


J’emprunte aux capitales tout l’outrage, les précipices, et jusqu’à l’usure de leur statique et je n’en retiens plus que les tourments, la nudité sale et usée. J’en substitue l’architecture monotone, la géométrie ennuyeuse, l’inertie.

Je poursuis dans le silence carcéral de ce paysage rigide, aux angles droits, sombres et tranchants, cet abîme froid et désolé, cette nature nue, malade et écrasante. Et m’affranchis de sa stricte mathématique, de ses leurres et ses inepties.

Je peux ainsi jouir de ce corps dressé, immobile et dégoulinant. En extraire les rêves, la proximité et les ténèbres, la nature précieuse et exacte, jusqu’à en transgresser le silence, les souvenirs et les secrets.





VIII. Panorama.



Nous passons ainsi de longues nuits et des heures entières,
Sculptant l’hésitante nudité corrompue de son silence.

*

Nous avons donné notre préférence aux étoiles parce que nous en avons anticipé les ruines.
Et nous y avons ajouté le chant plein de tendresse et d’illusions.


**


L’architecture de son cauchemar ou de la perpétuité des ténèbres.
L’infini répété de son possible ou la figure mathématique et silencieuse.

*

Dans l’intimité du détail, le détail infini, l’intimité de son complexe -
Ou l’architecture infranchissable, l’infranchissable éternité, l’éternité d’un regard.


**


Dans le mobile infini d’une étoile
L’infirmité répétée de l’éternel
La nature incorrigible et vertigineuse.

*

Crever d’une lecture ou d’un vers
Avant que nos rêves ne s’interrompent
Grignoter un peu de l’éternel.

*

Ressortir intacte d’une lecture
En égaler le silence
La surprise ou l’impuissance.


**


Des chants de grenades un peu partout et le vent qui vous tire par les cheveux.
Des étoiles comme autant d’aiguilles et des risques de bougainvilliers.


*

Quelque je infatigable et des figures acrobatiques.
Une géométrie ennuyeuse et superficielle.
Une nature aussi sévère qu’admirable.


*

Capturer l’éternel
Dans la désagréable crudité d’une ampoule toute neuve
Dans le rebondissement d’une seconde au fond d’un évier.



*

C’est à l’angle opposé
Leur superbe
Et regrettable insouciance
La distance qui nous sépare
L’insoutenable physique.


*

Bleu est la distance
Et il y a l’amer
Le mâle à l’horizon
La solitude et l’irréparable.



***







IX.

J. Gunzonic Vs le sur-impressionnisme.

« Le sur-impressionnisme ne fait pas de poésie. Gunzonic si. »




je commencerai par te réciter mes poèmes
ça t'intéresse toujours ?
j'aime les réciter avec un marteau à la main
je te préviens
(c'est pour la ponctuation.)

*

ils sont où mes moulins à vent ?
j'ai garé mon bulldozer en double file.

*

je suis au sommet de mon art
& je ne compte pas redescendre.

*

peur que je vous défonce la moelle épinière à la petite cuiller ?
avancez d'un pas
que je vous rase de plus près.

*

il faut tout défoncer si on veut obtenir le déplacement d'une seule virgule dans l'Histoire.

*

à quoi ça sert de lire mes poèmes
si c'est pour pondre
un machin pareil
merde.

*

J.Gunzonic: l'homme qui hurlait dans le cul de son lecteur.






X. L.


De l’angoisse infinie de l’immortel
ce ne sont que des rêves
inoffensifs et passagers.

Outre la fascination des astres
c’est avec quelques difficultés
que nous en sculptons les ombres

Au travers le détail saisissant
d’une nature cyclopéenne ou hésitante
obéissante ou centripète.






XI.  Fragment.


Nous sommes merveilleux
Splendides ou mortels

Calmes et fatigués
L’incessante nudité

L’horreur et l’hypothèque
L’éternelle géométrie

L’imposture
Avant le manque

La caricature
Ou des statistiques.






XII. Superpositions.


Dépasser l’éternel
En éprouver l’usure
La nécessité et les lois.

*

Tromper l’éternel
Triompher de l’indifférence des astres
De la nécessité et des lois.

*

Atteindre de redoutables certitudes
En refuser la nécessité et les lois
La nature scrupuleuse et passionnée.


**


Il est des horizons dont nous ne connaissons plus que la fuite - des veilles dont nous ne savons plus que la chute. Où l’on faillit s’aimer alors que l’on ne connaissait rien de l’amour. Très lentement. Trop lentement peut-être. Jusqu’en imposer d’invariables abîmes et des rêves ennuyeux. Jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que le vide et la pesanteur

*

Comme si tout cela devenait plus juste en ton absence - grave, stérile, tolérable, rigide - incontestable. Portraits creusés jusqu’au sang, jusqu’à l’indigestion, où l’obscénité du trait nous renvoie à l’infinie trahison des dieux et des astres, à leur nature subtile, aveugle et indifférente

*

C’est avec quelques difficultés que nous en sculptons les ombres, la nature cyclopéenne et lancinante. C’est avec plus de difficulté encore que nous en sculptons le silence, la corruption et les outrages. Echouant d’en résoudre la nature, la poésie et le manifeste



**


N’en plus contester le nu, le grotesque et l’empire
L’arithmétique obsédante et sanguinaire
L’impeccable faillite et la simplicité
Le gouffre.






XIII.  Epsilon.


Capturer l’éternel
Dans un étirement de paupière
En surprendre l’irréversible
La nature spectaculaire.

*

Capturer l’éternel
Dans le retranchement d’une paupière
L’infaillible nudité
Le grincement douloureux.


**

Navré du reste et de son contraire
S’en foutre encore
Plein le nez.

**


Inventer de nouvelles figures
En privilégier l’angoisse et les contradictions
L’ennui et le calme.

*

(…)
Les vertiges et la réincarnation
L’immortalité
La chute ou la légèreté.






XIV. Hominidae.


C’est une nuit privé d’obstacle, de génie et de goût.
A la fragilité licencieuse, à la rigidité excessive
Une nuit silencieuse.

Une nuit sans intimité sans vertige et sans exil.
Passé dans la carcasse aveugle de quelque passé
Dans la carcasse aveugle de quelque démon.

Une nuit de plus passé dans l’indifférence.
Dans la nominalité des proies échouées alentour
Dans une chambre sans volet.



*



Je me laisse surprendre
Je me fais rattraper.

Ce qui d’un côté m’empoisonne m’est tout à la fois
Naturel.

Où naître plus soi-même autre
Ment que soi.

Naître plus soi-même qu’au dé
Triment de soi.

Et en improviser l’ordinaire
En dompter la banalité.

Comme si revenant
De loin et toujours hors de moi.



*



Fermer les volets et se priver des étoiles.
Rester seul dans cette chambre sans volet.
Et combiner les étoiles.

S’en réapproprier la nature, le vide et le silence.
En ressusciter les ombres.
En creuser un peu plus l’intimité et les ténèbres.

Fermer les volets et se priver des étoiles.
Rester seul dans cette chambre sans volet
Et combiner les étoiles.

Se réconcilier avec sa nature, en deviner les ténèbres.
En ruminer un peu plus le vide et le silence.
En prévenir l’essence et la faim.


*


Le corps est un obstacle difficile et la nuit encore à franchir -
Il y traine un parfum d’éternité dont il nous faut chaque fois reconquérir l’oubli
L’essence
Les qualités et l’éclat, en deviner l’impossible.


*


Dans cette chambre aux rideaux opaques
Au lit trempé
L’objet de notre propre faillite est aussi la résistance que l’on y oppose -
Et rêver est inutile.






XV. Poèmes domestiques  ou  « Nietzsche, ta mère et moi. »



1.

« Faire preuve d’ironie et de recul sur soi-même »
Voilà ce que je lisais ce matin
Quand elle m’a demandé
Si le café était prêt, si j’avais bien dormi.



2.

Je m’occupe de ma fille.
Je regarde le plafond.
Je bois énormément de café.
Je ne lis plus.



3.

Jeune, beau et discipliné
Je rêvais.
Je regarde la télé maintenant 
Et je tourne en rond.



4.

Je rêvais par millions
Maintenant je ne rêve plus
Je me relève la nuit.



5.

Je me ronge les ongles
Je fume, je bois
Je perds mes cheveux
Je ne rêve plus
J’anticipe.



**




Double fond.


Je me rappelle de longs après-midi
En plein soleil
Que je ne rêvais déjà plus.

Maintenant j’ai la barbe
Des gosses
Une télé qui ne me sert à rien
Et je bois.


*


Impossible de trouver
le sommeil.
J’écrase
au fond de mon cendrier mon impuissance.
Càd
mes rêves.


*


je crois que

je crois que
s’il ne me prend pas

s’il ne me prend pas
subitement
etc

l’envie de chier
etc.


*


l’infinie figure de son silence
et sur nos lèvres encore
un peu de l’éternité
où quelques rêves encore
en exercent la solitude.


*


tous ses génies terrassés
et la nuit
abandonnée à la gratuité des heures
où notre nudité
la délicieuse arithmétique.


*


Rêver à de grandes choses
 Mais ne faire que rêver.
Parce qu’il ne nous reste rien
Que quelques minutes.






XVI.   Colosseum. 


1.

Les ombres se retirent
Précipitant nos édifices tourmentés

Ces colosses rivés sur leurs socles
Et leurs tourments dérobés

A l’envers des ombres
Et se dérobent.



2.
Cette nudité imparfaite ni exagérée.
Epuisée de soleil et de malice.
Ou tout ce que la nuit nous révèle.


3.
Echapper à cette réalité fragile et exigeante.
Et en travers cette redoutable obscurité
A cette nudité fragile et beaucoup trop lente.


4.
Tandis que le soleil tourne autour de la terre et tout le ciel avec lui
J’écris
Mon cendrier plein à ras-bord.


5.
Je bois de longs whiskies dans de vrais verres à moutarde.
Et je fume mon cendrier plein à ras-bord, je ne fume pas
Que du tabac.






XVII.


L’atome d’un moment pour en catapulter l’éternel.

*

L’atome d’un instant pour en réaliser l’éternel.

*

Tout le complexe de l’atome afin d’en saisir l’éternel.






XVIII. Métaphysique.



1.  Métaphysique.



Squelette que l’on excède dans l’atome d’un instant
Squelette que l’on concède à la rigueur.

Corps flottant dont il faut rendre aux ombres la souplesse
Des ombres que l’on croise avant que le ciel ne se retire.

Des ombres que l’on croise encore la nuit
Nuit squelettique dont il nous faut extirper le squelette.

*

Liberté prise au-delà de ses rêves
Et de la stricte mathématique des lois

Née de la stricte mathématique des lois
Ou d’une nature rationnelle et prévisible

Pour en accorder le génie et les chagrins
En réaliser l’éternel et le complexe.

*

L’atome d’un moment pour en catapulter l’éternel.
Monument de l’atome où le je est égal

Unique et sans issue.
Où tout le je de l’atome remplace l’éternité

En prétendre à la fois la nécessité et la beauté
La nature grave et monstrueuse.




2. Synopsis.


La jalousie des formes
la nudité du sommeil
la vie dans tout

Ce qu’elle a de plus tragique et ponctuel
l’actualité détaillée et précise
devant laquelle l’éternité s’effondre

La gratuité d’une nuit
dans l’espoir d’en dompter l’éternel
le vide abrupte

La gratuité d’une nuit
ou un long abrégé de l’éternel
pour en apprivoiser le vide et les détails infinis

Les souvenirs usés, l’usure et le silence
pour en réaliser l’éternel
en révéler l’intimité

Ou en dompter l’insolence
l’insolence et les dieux
en exposer la nature

Précise et le génie
où à la terrasse même de son génie
nous débordons l’éternel

Lui dérobons son génie
le complexe
amputé de son génie.




3. Apocryphe.

Les ombres lentement
Ou d’une architecture incroyable et ennuyeuse
Des figures anonymes
Et instruites.

Une géométrie infranchissable
Préoccupante et polie
Ou le génie insaisissable
Figures éternelles ou immobiles.

Nature sauvage et éphémère
Des dialogues interrompus
Ou l’absence de figure
L’arithmétique déliquescence.







XIX. Prototype.



1. Anonyme.

Je n’ai rien
Plus même d’appétit.




2. Conditionnel.

Je bois je fume
Je ne mène pas une vie non plus dangereuse
Si
Extra
Ordinaire.




3. Mûr.

Entretenir un sphinx sans énigme
Et borné
Au sexe imposant
Au mobile infini.




4. Côte.

Je n’appellerais pas ça des vacances
Mais
Il y a la mer
Et j’ai du temps à perdre.




5. Crépuscule.

Renaître sous les draps
Ou à la terrasse même de son génie.
Ouvrir les fenêtres
Ou vulgairement se faire vieux.  




6. Exponentiel.

La figure complexe
L’intimité stricte.

En réfuter l’illusion
En deviner l’impossible.  

La nature et le trouble
Le trouble et le génie.




7. Hectare.

Récréation de l’éternel
la poésie ou le vide.

Transaction de l’éternel
L’obscénité ou la délicatesse.

Infraction de l’éternel
L’hostilité ou la gêne.





XX. Cycle. 


1. Cycle.

Observer le jour se lever 
et au lever du jour
attendre l’arrivée des chars
que remplacent d’autres chars
qu’attendent d’autres chars.

Quelle histoire une fois mort 
morts dont l’écrit sont l’écho
où il faut une armée
pour rentrer dans l’histoire.

Réalité nègre de nos ancêtres
qualités aborigènes et poétiques des éléments
légende adoptée du soleil
contre le chant ininterrompu de l’acier.

Et le ciel qui nous tombe sur la tête
par mégatonnes
des rêves grandeurs natures
pulvérisés dans la nuit
en une seule nuit.

Tropiques démêlés d’un polaroïd
nuits climatisées sur le monde
pâleur numérique des paysages
augmentés jusqu’à la faim,
argumentés sang et larmes.



*



2. Leitmotiv.


La r
é
volution.




*




3. Url.


Je ne partage pas le soleil
Je me relève la nuit
Où cent monologues
En ruinent le je et les acrobaties.















*
***
*
























Mâle-être.












1.

Je dont ignorons les règles
Le loisir et les scrupules
La nature universelle
Et le mâle.




2.

Un je qui se joue seul
Qui ne se fait pas sans mâle
Et qui se répète.




3.

Je sans égo
Ou en exhiber le mâle.

Je sans partage
Ou en exalter le mâle.

En compliquer le je
En se donnant un peu plus de mâle.




4.

Des maux d’amour
Des maux qui ne veulent plus rien dire.
Un mâle borné et périlleux
Ou l’amour du je.




5.

Des maux sans intérêt
Un je sans alibi
La nature criminelle ou millénaire.




6.

Ceci n’est pas de la poésie
Ce ne sont que des maux.
Ceci n’est qu’un je
Un simple contretemps.




7.

Je est un autre
Différent ou meilleur
Un moindre mâle
Un tout autre sujet.




8.

Quelques minutes heureuses
Avant que le mâle ne refasse surface
Fermer encore les yeux.




9.

Sans plus dire un maux
Mais après en avoir extrait tout le mâle
Avoir la garantie de l’éternité à venir.




10.

Le mâle est passé
Je me suis prêté au je
J’étais nu et tranquille
Et le mâle est passé.




11.

Baiser rouge de ses lèvres rouges
Décollant mes lèvres du midi
Ou de l’indisponibilité des étoiles
La nature mâle heureuse.




12.

Des règles fixes.
L’éternité d’un frisson.
Ou de la lenteur des obstacles.
Un mâle sans secret.




13.

Un mâle qui ne me lâche plus
Ou de grands espaces
Verts, nus, écrasés
Un je subtil.




14.

Egal à moi-même
J’observe le mâle
Sans plus un maux.




15.

je me creuse un peu plus
chaque jour je vieillis
mâle mais je suis vivant.




16.

Je joue le je
Je à quitte ou double
L’éternité ou rien.




17.

En renouveler chaque fois le mâle
Les maux et la faim
En refuser la passion
En conserver le masque.




18.

Creuser le mâle jusqu’à la rendre muet
En précipité la nature sacrée et paradoxale
Ramener le je à son avantage.




19.

Je vieillis mâle
J’apprends de nouveaux maux
A en travestir la faim
L’essence et l’émoi.




20.

Impossibilité du mâle
Si le je n’était autre
Et on joue sur les maux
L’écrit transfigurant l’émoi.




21.

Emoi
Sans rival ni pitié
Dont la faim n’a d’égal que son génie.




22.

Le mâle n’est qu’un je
Je joue alors sur les maux
Avec autant de mâle que de génie.




23.

La pudeur, les excès
Le mâle ou l’antichambre
Et mille et une nuits.




24.

Autre je que l’émoi
Le mâle
Les paradoxes et la solitude
Ou le génie solidaire.




25.

L’émaux de la faim dans son émoi sidéré.
Des maux défigurés par le mâle qui le ronge.
Où l’écrit transcende sa propre faim.




26.

Un mâle ordinaire
Ou de la tentation de l’éternel.
La nature rationnelle et prévisible
Un mâle transparent.




27.

Complice du mâle
Je me prête au je
Funambule et géomètre.




28.

Ne serait-ce qu’un je
Ou l’impossibilité même d’en saisir le mâle
D’échanger quelques maux.




29.

Le soleil dans les yeux
Ou d’une poésie faite avec les mors
Un mâle invisible.




30.

Des maux plus que nécessaire.
Ou l’irrésistible nudité.
Un je douteux.




31.

Ne serait-ce qu’un je
La tentation du mâle
L’arithmétique ou le pendule.





32.

Avant que le mâle ne représente un danger
Dépasser sa propre nature impossible à dépasser
Rattraper sa propre nature impossible à rattraper
Avant que le mâle ne représente un danger. 
                                                         



33.

Aucun maux ne s’invente
C’est en articuler le mâle
Progresser dans le je.




34.

Etouffer dans la rigueur des éléments.
En traduire l’émoi ou la poésie.
En réinventer le je.




35.

Sombrer au fond d’un vers
Rajouter encore un maux.
Ou bien rouler encore.




36.

Je est un autre
Son mâle pris à défaut.
Je me prête au je
J’en favorise le mâle.




37.

Assez mâle
Pour tout vous dire
Ou particulièrement naitre
Plus que prétextes et échéances.




38.

Se tromper sur les maux
Se tromper sur le mâle
/ l’orthographe du maux
& la naissance du mâle.




39.

Agréablement douter de son génie
Ou en exagérer le mâle
En traverser le luxe et le néant
En renverser le luxe et le néant.




40.

Capturer l’éternel
L’amputer de son mâle aveugle et banal
En vaincre l’irrésistible logique.




41.

Mâle
Sans cause ni retard
Participe du je
L’ancestrale nudité.





42.

Le mâle
Le je et les abîmes
La nature imaginaire ou dévastatrice.




43.

L’ennui du je.
Un mâle trop grand.
La figure complexe.
Une nature impitoyable.




44.

En contrarier la nudité
En ressusciter le mâle
En poursuivre l’arithmétique
Les figures et la fulgurance.





45.

En dénoncer le je
En assumer le mâle
Un mâle incontournable
La nature circulaire. 




46.

Il y avait l’amer
Il y a toujours le mâle
Et l’improbabilité d’être.




47.

C’est une longue nuit qui vient s’achever entre ses lèvres.
C’est en inventer tout un dictionnaire de maux
Qui ne s’invente pas.




48.

Se rapprocher encore
Dans un grincement douloureux
Tenir ainsi le mâle en échec
Ou l’irrésistibilité d’être.




49.

Tout miser sur le mâle
Aller jusqu’au bout du je
Ignorer tout de la faim.




50.

C’est un je dangereux
Et cent horizons
La nature vulnérable et menacée
Un mâle torturé et téméraire.




51.

S’attacher à sa nature scrupuleuse
A son silence passionné.
Ou se délivrer du mâle
En déjouer chaque maux.





52.

Notre nature insouciante.
Son mâle insoupçonné.
Son redoutable silence.
Son impeccable sinuosité.




53.
Jouir de son mâle
Jusqu’en ruiner la faim et les je
La nature prétentieuse et disciplinée.




54.

Un mâle cruel et inflexible
Un je inépuisable.
                           Sa nudité fragile et éternelle.           
Où crever sans mâle
D’une lecture ou d’un vers.







55.

Ne retenir de son mâle
Que le ridicule et le danger.
Ou ne l’entretenir plus
Que de son arrogance et de sa bêtise.





56.

Reconquérir l’éternité
Ou résister à l’oubli.
Insister sur son mâle
Un mâle sans concurrence.




57.

Reformuler chaque maux
En surmonter les difficultés
Càd
Les apparences.





58.

En entretenir le mâle.
En contrarier le je.
Un je inséparable de son mâle.




59.

Un mâle audacieux ou déterminé
Un je dégradant
Où plus d’un moi de gaspillé. 




60.

Surmonter le mâle
L’infatigable je.
En réinventer la nudité
Et la science.




61.

En discipliner le mâle
Le je infatigable.
Ou de la résistance des formes
La nature insurmontable.




62.

Un mâle intransigeant
Et systématique
Une faim naturelle
Et
Cetera. 





63.

Les traits creusés
Des figures muettes.
Une ligne droite
Un simple je.




64.

C’est en supposer le mâle
Ou l’inimitable cruauté 
L’extravagance et l’absurde
La nature barbelée.




65.

Entrainé par son mâle
Son authentique nudité.
Ou en trahir l’émoi
En prolonger le je.




66.

Dévoré par son mâle
Jusqu’en résoudre le génie
La proximité et l’inertie.




67.

Un mâle sans équivalent
Une nature dévouée
Un je insoutenable.





68.

Se réconcilier avec l’éternel
En assimiler les figures
Se rapprocher du mâle.




69.

En arracher le mâle
Le génie et les maux.
En refuser la dynamique
Le mâle et la hiérarchie.















*
***
 *













Autoportrait.















1. Faire court et prendre le temps.  2. Séparer le rêve de la contrainte.  3. Eprouver la contradiction des corps avec la lumière.

*

4. L’avenir se pose comme un problème compliqué voire douloureux.  5. L’avenir comme possible - à la seule condition qu’il se partage. 

*

6. L’homme n’existe qu’à condition qu’il doute.  7. Douter ne fait pas partie de la nature humaine.

*

8. Nous avons abandonné l’éternité au profit de l’atome.  9. Depuis que nous avons capturé l’atome, l’éternité fait défaut.

*

10. De plus en plus gai, l’homme est de plus en plus sophistiqué.  11. Ou de plus en plus laid, l’homme est de plus en plus civilisé.

*

12. Assez jeune encore, pour vieillir encore.  13. Essayer de se surprendre et de se reconnaitre tout à la fois.  14. Prendre de l’âge - perdre de son avance.  15. Perdre son temps ou écrire.

*

16. L’objet de notre propre faillite est aussi la résistance que l’on y oppose.  17. Et rêver est inutile.

*

18. Philosophe avant d’être moi.  19. Je ne suis pas infaillible, je suis concentré.

*

20. Je troquerais bien mes rêves pour un peu de repos.

*

21. Bukowski n’est pas seulement génial, il est au-dessus de ça.  22. Depuis Bukowski, il faut plus que du génie.

*

23. Rien de plus précieux que la solitude, c’est dire tout ce temps gâché.  24. Faire les choses seul, ce peut être aussi les faire à moitié.

*

25. Je me brûlerai la cervelle quand j’aurai fini de ma gratter les couilles.

*

26. « Je sais infiniment que tu m’aimes infiniment. »  27. Mais.

*

28. Nous sommes connectés et pas bien brillants - ou trop indulgents nous manquons surtout de lucidité.

*

29. Nous sommes des êtres merveilleux parce que tout à fait irresponsables.  30. Et si superficiels que le génie passe soit pour une seconde nature soit passe inaperçu.

*

31. Nous crevons tous dans d’horribles certitudes.

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32. Rien dans ma bibliothèque ne m’inspire plus que son cu. 

*

33. Lire me détourne toujours un peu plus d’autrui.

*

34. Ecrie ou faire la différence avec l’éternité.

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35. La prétention d’une langue conduit toujours au pire.

*

36. J’écris, j’évite d’être drôle.  37. J’écris par manque de finesse.

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38. Parce que je manque de volonté je manque aussi de sommeil.

*

39. Dieu ou ce qui est inaccessible même à l’imagination.

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40. « Gunzonic Vs le sur-impressionnisme : le sur-impressionnisme ne fait pas de poésie, Gunzonic si. »

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41. Loin d’être génial ou talentueux, je manque plus de conviction que d’assurance.

*

42. Que l’on puisse écrire de la poésie en langue française voilà qui semblait impossible avant J. Gunzonic.

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43. Le sur-impressionnisme ne croit pas aux idées, il croit au sens.  44. Le sur-impressionnisme ne croit en rien, il fait semblant.

*

45. Nous parlons du passé soit par prétention soit par ignorance.

*

46. « Moi c’est Charles, avec un p. Comme dans Isidore Ducasse, Antonin Artaud, Céline. »


**


47. Le sur-impressionnisme ne fait pas de poésie, il manque de tact.

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48. Rien dans ma bibliothèque n’égale la poésie de J. Gunzonic. 49. Ma bibliothèque toute entière ne vaut pas un vers de J. Gunzonic.

*

50. Je suis tout aussi sérieux que misérable.  51. Et Je bois - j’ai horreur de la vitesse.

*

52. Ecrire - en entretenir les illusions et les prétextes.  53. C’est-à-dire le vide, les rêves, l’ennui et les contradictions.

*

54. Ecrire n’a jamais été pour moi autre chose que de faire des phrases.  55. D’en surmonter la fiction et la trahison. 

*

56. Je ne relis jamais deux fois le même livre - sauf par inadvertance.  57. J’entretiens de longs silences avec les morts. Etc. 

*

58. Je suis un être d’étude - arrogant, inoffensif et décevant.  59. Je passe donc aussi facilement pour quelqu’un de prétentieux que pour un con.

*

60. Nous lisons nos plus mauvais livres (en général) au bord de l’eau. Et c’est peut-être à la montagne que nous lisons le plus mal.  61. Ou pas.

*

( 62.Tant qu’il y aura des best-sellers et des blockbusters on se moquera de tout.  63. C’est dire comme la culture est nulle et la rentrée est pire. )

*

64. La lecture s’oppose en soi au divertissement.  65. Où nous divertir d’une lecture quand trier ses déchets demande autant de talent que de souplesse. Etc.

*

66. N’importe qui peut aller sur la lune - mais écrire n’est pas à la portée du premier venu.  67. Tout le monde peut faire des vers - mais très peu encore de la poésie.

*

68. Faire des aphorismes c’est à la fois reconnaitre son propre gouffre intellectuel.  69. Et constater la ruine de sa propre pensée.

*

70. De la digression du sensible à l’irréductibilité de l’être - à la fois leur proximité et l’abîme qui les séparent.  71. Ou du poème à l’haïku.

*

72. La poésie ou l’usure dont nous sommes la conscience c’est-à-dire les ruines et l’éternel. 

*

73. C’est l’impossibilité de rebondir et celle de s’interrompre - c’est une mort assurée et rassurante.  74. C’est trouver l’art tout aussi ridicule que l’amour est accablant.  75. Et la mort exagérée.

*

76. Le sur-impressionnisme n’a rien de génial. Il est exact.  77. Le sur-impressionnisme est déjà dans la démesure c’est-à-dire l’expression la plus sincère de son propre néant.

*

78. Le sur-impressionnisme n’est ni de l’art ni de la poésie.  79. C’est soit une perte de temps soit un progrès.  80. Considérant que le progrès soit admissible historiquement et que le temps soit synonyme de liberté.


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81. Nous rêvons à de grandes choses mais ne faisons que rêver.  82. Parce qu’il ne nous reste rien, l’éternel ayant cédé.

*

83. Un poète finit toujours par atteindre ou céder à un lyrisme sanguinaire.  84. C’est-à-dire tyrannique et joyeux.

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85. Ecrire avec tout l’ennui que cela représente.  86. Avec toute la rage et la naïveté que cela implique.

*

87. Je suis d'un pathétique exubérant, d'un calme olympien.  88. Aussi drôle que suicidaire.

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89. Nous sommes des êtres merveilleux, irrésistibles et éphémères.  90. C’est-à-dire tout à fait mortels. 

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91. Chaque poème une certitude de plus - un vice de plus.  92. C’est-à-dire que l’on vieillit, qu’on ne s’arrange pas.

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93. Relater l’existence de millénaires  94. En réfuter la discipline.  95. Ou mener une vie bien à soi - identique à d’autres millions.

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96. Le mal n’est pas seulement une idée, il s’organise.  97. Et si le mal n’a pas d’avenir, il a des appuis.

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98. Doué d’une nature toute aussi faible qu’orgueilleuse et bornée.  99. Nous sommes tout aussi inflexibles que prodigieux et cruels.

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100. Ecrire c’est au péril de soi.  101. C’est-à-dire que l’on peut toujours faire mieux.
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102. Bleu est la distance.  103. Et Nous revenons de loin.

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104. On ne lit pas Proust pour savoir qui était Marcel.

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105. Ecrire n’a rien d’intime c’est en réfuter le spectacle et l’arbitraire.  106. C’est en refuser le spectacle et l’arbitraire.

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107. Autant le sur-impressionnisme s’éloigne de la poésie autant il se rapproche de la philosophie  108. Mais il n’est ni l’un ni l’autre.

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109. Ressortir intacte d’une lecture.  110. Ou la lente et irréprochable poétique.  

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111. Si l’histoire se répète, c’est parce que l’on recul.  112. Et si l’on recul c’est que l’on est condamné à disparaître. 

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113. Romantique je suis aussi très prévisible.  114. Erudit je suis plus qu’insupportable.  115. Dangereux, mais pour personne.

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116. Doués d’une nature aveugle et implacable nous sommes sans surprise.  117. Ou bien pire encore.


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118. Naturellement bon parce qu’il est un homme mais c’est parce qu’il est un homme qu’il est rigoureusement mauvais.

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119. L’homme est un monstre si on vient lui gâcher le mâle.  120. C’est en découvrant l’atome que l’on nous a gâché le mâle.

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121. Trouver l’amour tout comme la poésie, aussi décevant que risible  122. C’est encore trouver la mort plus concrète et convaincante.

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123. De la poésie comme si c’était de l’art.  124. C’est-à-dire au-delà de toute nécessité et sans souci d’aucun idéal. 





Notes.


125. Nous sommes encore tout aussi rigides que nous pouvons être écœurants.  126. Tout aussi fabuleux que nous pouvons être méprisables.
 
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127. Il y a ceux qui savent baiser.  128. Et ceux qui redoutent le désordre. 

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129. La misère est cachée à ceux qui ne veulent pas la voir - on appelle ça le progrès. 

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130. Je passe de longues heures entre la contrariété et l’ennui quand je ne les passe pas au calme  131. C’est-à-dire seul.


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132. Ne jamais rivaliser d’autorité - écrire.  133. C’est-à-dire retirer de l’exquise conscience de soi, la folle assurance de son ego.

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134. La poésie ou retrancher de son quotidien l’être qui autrement succombe.  135. Ou autrement ne déjà plus faire partie du monde avant de succomber.







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