Hologramme.
Lizabeth Helmann
6’46’’05.
5’’81.
Retourner à l’essentiel
A
Sa plus parfaite et
absolue nullité
Corriger quelques
rêves
D’une toute autre
éternité.
9’’56.
des
anges
maintenant.
à la télé
à moitié nus.
à
l’autre bout
du monde.
le
plus possible
détachés
du monde.
où
la mort se répète
sans aucun mal.
délivrés
de l’implacable
soupçon
de sa propre fin.
7’’22.
Mes journées sont courtes
Elles
pourraient être pires.
Je bois
Beaucoup.
Parfois
J’écris
Un
vers
Éternel
Sur l’éternel
Refrain de l’éternel.
3’’41.
On préférerait sans
Ou s’en foutre encore
Plein le nez.
2’65.
Arracher son masque
en vers
et contre tout.
3’’37.
s’abstenir
et
de commentaire
et
de s’abstenir.
5’’53.
La
nuit aurait pu être pire
La
journée risque d’être courte
Ah !
Si
seulement j’arrêtais d’écrire.
3’’88.
J’écris
Ce
qui ressemble à de la poésie
Autre chose que de la poésie.
9’’06.
Nous attendons
plus
sinon du progrès
des hommes.
Nous n’attendons plus
rien
ni du progrès
ni
de personne.
Nous
attendons tout
sinon des étoiles
de décrocher enfin
la
lune.
4’’68.
l’économie n’est pas une science
exacte
les balles nous rattrapent
nos rêves nous échappent.
3’’41.
on évite les balles
comme on évite les gouttes
et l’on évite de trop
rêver.
6’’75.
ses rêves sont fragiles
et le sommeil léger.
dans le déroulement de son être à soi
déborder la nuit au-delà de sa magie
se prendre au jeu.
4’’93.
les nuits sont longues
et ses rêves agités.
retrancher l’éternel
de sa
nature intime et véritable.
5’’19.
Un dernier verre
Avant de retourner sur terre
Où à moins de fermer les yeux
Il est impossible
de rêver.
4’’78.
ne plus échanger d’autre mot
ou sans plus d’ambition qu’un parcmètre
rêver sans fin ni propos.
4’’40.
Compter
le temps qu’il nous reste
sur sa
nature
ses
contradictions et ses revers.
6’’69.
il
suffit de croire
en
dieu pour croire
à
tout
autre
chose
de
l’infinie
ponctualité
de
son être
déjà
là.
6’’00.
Toute
la nuit
Devant
soi
Une
bouteille
Du
tabac.
Toute
la nuit
Ou
ce qu’il en reste
Rompre
avec la nuit
Et
ses bavardages.
6’’63.
Lu Pylône
De Faulkner
Sans rien comprendre
Du tout
Et tant d’autres œuvres
Et tant d’autres auteurs
Sans rien y comprendre
De plus
6’’15.
S’étendre à l’horizon
Où
l’horizon s’étend
Où le temps s’étire à la fois
Qu’il
se retire
Ou
de l’insoutenable
Lucidité d’un vers.
5’’78.
de l’infinie répétition de
l’éternel
à l’infini
dire qu’il n’y a
plus rien
à dire
de l’éternel
retour de l’éternel.
18’’72.
la bouche pleine
de
nouveaux soleil
à mâcher
de mots qui débordent
et se répètent
dans le prolongement d’une
voyelle.
*
de l’irréductibilité de
son mal à son être éternel
en démêler le mal
chaque fois que le
mal s’en mêle
chaque fois que ses
rêves s’emmêlent
à
l’incommensurabilité de ses rêves
et ses ténèbres.
*
laisser la nuit dominer les ombres
ses rêves
dominer la nuit
le monde tourner
au centre de ses ténèbres
tirer de son ego tout ce qu’il reste de
poésie
ne plus vivre seul et à moitié.
4’’43.
comme
en face
de la Joconde
plus triste qu’un spot
publicitaire.
5’’03.
J’écris
comme je bande
à peine
le temps de jouir
que j’en ai déjà plein le cul.
21’’63.
Se soustraire
au péril de la mémoire
ses précipices encombrés.
Nuit sans ressort
et
sans plus aucun
rapport avec son mal.
La mort est tout
à la fois
grotesque et assumée
malheureuse
ni contrariée.
Souffrir la beauté
de ses
propres errances
des rêves
de toute une ville.
Rassurée
par la présence de ses démons
se réconcilier avec son mal.
Ou de l’inaccessible
volupté
d’être
l’objet
de sa propre ruine.
9’’22.
Ne plus rien en avoir à foutre
Ou de ses rêves bien trop réels
Exempt de l’intimité de son génie
Ou de l’intime
Complexité de ses désirs
Égalant les astres dans leurs courses
Sans frein
Ne plus rien craindre
Du soleil.
19’’25.
Ecrire.
Sans
en avoir les mots.
Mais
le mâle.
Aussi
irrésistible qu’abominable.
*
Des maux
plein la bouche.
Mots
qu’il ne s’agit plus de répéter.
Son
mâle irréversible.
Et
ressuscité
*
Son
mal sans remède.
Et
sans nulle autre distraction
Que
les dieux que l’on invente.
Peu
importe les dieux que l’on invente.
*
Maux
plein
D’assurance
et d’excès
Mâle
en apnée en sa chair crue
Son
mal indispensable.
14’’69.
c’est
la rue qui déborde
enfin
son arbitraire et
déchirante géométrie
l’arrogante impuissance du ciel
c’est la rue qui déborde
enfin
l’inquiétante ambition de
ses façades
son insomnie et ses ivresses, sa misère
et ses inepties
c’est la rue qui déborde
enfin
l’insolent
mensonge de son histoire.
21’’13.
A force
De me la faire mettre
Je
Commence
A
Y prendre autant de goût que de plaisir.
*
Y’en a qu’on du travail
Moi j’ai
Pas un rond
Y’en a qu’on plus
De
Chance
Que moi
Il y a
Que j’ai pas
A me plaindre.
*
Y’en a
Qui
Traverse les mers
Y’en a qui
Vive
Dans des taudis
Y’en a qui
Et pire encore.
*
Il y a
Tout
Ce qui nous sépare
Par million Et Nous enchaîne
Par million.
Tout
Ce qu’il nous faut
Maintenant
Nous
Séparer
Pour
Etre
Des millions.
5’’22.
Toujours
plus de mort à l’antenne,
Et
jamais un mort de trop.
Ecrire
encore un poème,
Et
la nuit tourner en rond.
15’’53.
Égaler la folle course du soleil
ou de la folle révolution des astres.
Allumer son poste de télévision
réveiller les morts à l’antenne.
Se mesurer
à l’égal sans mesure d’un poème.
Égaler
sa propre faim sans égal.
Réhabiliter
les morts à l’antenne.
Attendre que le soleil se lève
à l’égale mesure de ses ténèbres,
en vain
se rêver immortel.
9’’44.
Des
tigres aussi ridicules que dangereux
et de
terribles fantômes aussi terribles que stériles
machines
dans l’inertie insensée de leurs progrès
à l’algorithme apocalyptique et enchanteur
clouer
sa chaise à la nuit.
3’’37.
un dernier vers
avant
de toucher le fond
et
de baiser une sirène.
17’’78.
Je bois
beaucoup
de café,
je me brosse les dents
15 fois
par jour.
Je me pose
des questions
toutes
aussi sérieuses qu’inutiles
et sans réponse.
*
C’est-à-dire qu’il y a toujours autre chose
en jeu
des espaces infinis, des rêves en trop et
l’éternité aussi
irrésistible qu’élastique
son mal qui va de pair
*
il pleut.
4’’84.
la fin est proche
reste la chute
des
soleils infinis
des
ruines éternelles
et
tout à recommencer.
9’’62.
mot à mot
écrire
sans aucun
mal
un dernier vers.
faire des gosses
sans raison
aux sourires noués
à l’ordre du pendule.
croire
encore
en
l’effet de surprise
comme à une fin heureuse
se laisser encore une chance.
5’’53.
Son mal sans recours ni secret
Son verre
toujours plein
Jouer sur les maux
En trahir les ombres et le silence.
21’’87.
Au milieu des foules
les foules en trop
croiser le soleil
à l’horizon
Sans dire un mot
laisser la nuit
opérer encore
un peu de sa magie
Ses rêves détachés sur l’horizon
observer ses rêves
se détacher
à l’horizon
Tandis que la nuit nous trompe
et que les astres nous mentent
et que le ciel
nous fuit.
Laisser le temps
occuper l’espace et l’espace
se vider
de ce qui l’occupe
Surprendre la mort
avant qu’elle ne soit de trop
comme du haut des satellites
quelque nouvelle preuve de vie
Soustraire encore un vers de son empire
et de son empire
tout
un poème.
5’’25.
D’une gaieté irréprochable parce que d’un sérieux sans détour.
de la certitude d’une seconde
jeunesse.
11’’53.
je tourne en rond
je ne trouve pas
ni le temps
ni d’écrire
ni d’être seule
pire
je pourrais être seule
et ne rien faire,
consulter les astres
anticiper leurs trajectoires
réviser sans fin l’éternel
à rebours
de quelques lectures
et tutoyer la mort.
13’’59.
Ses secrets bien gardés
Tout remettre en question
Sérieux moment de
poésie.
Dressé comme
une bête.
Un autre
moment de poésie.
Ecrire.
Ne rien
écrire
Qui
soit encore de la poésie.
Et tout remettre en jeu.
Retrancher la nuit à ses démons
Tombés à la renverse.
Et tomber à la renverse.
13’’78.
D’un jour à l’autre
et déjà une semaine
de passée
sans rien écrire
pour écrire sans effort.
D’une semaine à l’autre
bouffer des pâtes toute la semaine
regarder la télévision
ne plus rien écrire
qui soit encore de la poésie.
Tous les jours de la semaine
rester le cul sur une chaise
le nez sur son écran
seul
maître de son néant.
10’’22.
C’est avant que le soleil ne se lève.
C’est alors que le soleil a du retard.
C’est encore
Autre chose que de la poésie.
C’est boire un café.
Vieillir à la terrasse des cafés.
C’est avoir encore 20 ans
A vivre.
8’’47.
C’est fou
ce que l’on a changé
sans avoir changé
du tout.
Rattraper son retard
sur le jour qui se lève
avant que le soleil ne triomphe
De sa propre chute
chier
tout un roman.
3’’00.
le temps d’un verre
ne penser à rien
et tomber
juste.
6’’37.
De ce que l’on peut
Ni plus atteindre
De toute éternité
Où sans plus
Aucun souci
Littéraire
Ecrire.
4’’25.
la poésie m’ennuie
heureusement
heureusement !
je n’ai pas le temps de
m’ennuyer.
6’’31.
Dériver sa plastique sur fond bleu
Comme dérivent les continents à la dérive
Ou ne rien avoir de mieux à faire que de se retrouver
Près d’une piscine.
7’02’’56.
*
* *
HOLOGRAMME.
i.
4 murs pour bâtir l’horizon
Et pas une fenêtre de plus.
ii.
La poésie n’est pas tout
La mort est en trop
iii.
Infiniment seul
De toute sa propre personne.
iv.
Le jour se lève les oiseaux chantent mais
J’ai bien trop envie de chier pour me laisser bercer.
v.
l’homme se révèle
inimaginable par nature.
vi.
Revenir à Rimbaud.
Ne jamais revenir.
vii.
Ecrire
de la poésie au hasard. Ne plus rien écrire du tout
Au hasard.
viii.
L’homme ne peut être sauvé.
Ni par amour ni par hasard.
ix.
De
l’infinie particularité de l’être
A
l’impossible résolution de soi.
x.
égaler l’être
dans l’infini complexe de
sa personne.
xi.
de sa propre et infinie
singularité
de son être éternel et sans concession.
xii.
accéder à l’éternel en son
invariable et infinie répétition
déduire de son génie
sa nature propre et réelle.
xiii.
parce que nous ne sommes
en rien différent
du
reste de la création nous sommes aussi bien pire
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire